A cette période de l'année, les projets de voyages sont un devoir de rentrée. A peine revenus, il n'y a rien de plus sain pour le moral que de tirer des plans sur la planète. Repartir en week-end ou en plus longue balade, histoire de prolonger l'été, c'est, chaque fois, se remettre la tête au beau. « Ce que j'aime dans les voyages, disait Stendhal, c¹est l'étonnement du retour. » Et Jules Renard qui n'y allait pas par quatre chemins avec le bon sens et l'humour conseillait dans son Journal « il faut voyager pour agrandir la vie ». S'agrandir la vie le temps d'un long week-end est devenu monnaie courante.
Pour répondre à la demande des voyageurs, les tours opérateurs font assaut d'imagination pour proposer des courts séjours à thème autour de la musique, de la danse, des grandes expos, de l'architecture... ou plus prosaïquement du chocolat, du foie gras, de la truffe, des grands crus... ou encore de la remise en forme, du trekking, de la randonnée ou même d'une chasse au trésor pour les aventuriers en herbe.
En septembre ou octobre, un grand week-end à Turin est une très bonne idée pour les fanas d'architecture, de cinéma, d'art contemporain et de gastronomie. Contrairement aux préjugés, la capitale de la maison de Savoie n'est pas seulement industrieuse. Sous l'impulsion des grandes familles turinoises et de la région Piémont, elle a su préserver son patrimoine baroque et industriel en faisant appel à des architectes de talent comme Renzo Piano, Andrea Bruno, Gae Aulenti, Jean Nouvel ou Norman Foster qui ont ou vont aménager de splendides espaces dédiés à l'art contemporain. A cela s'ajoute le fait que c'est à Turin qu'est né le cinéma italien en 1896. Il est donc normal qu'un hommage lui ait été rendu avec l'ouverture, en 1992, du spectaculaire musée national du Cinéma, dans le non moins spectaculaire Môle d'Antonelli, construit en 1863. On a tendance à oublier également que cette beauté gourmande a inventé le gressin, le Martini, les rochers au chocolat Ferrero et le Nutella. En somme, elle a tous les atouts pour être une citadelle de l'art de vivre.
Autre échappée dépaysante, en dépit des jérémiades de ceux qui l'ont connue « avant » : Marrakech. Le seul endroit peut-être avec Venise et quelques autres ensorceleuses dans le monde, à garder sa magie, malgré le goudronnage de sa place Djemaa el Fna et la chasse aux faux guides. En fait, tout continue comme avant : ses conteurs, ses colporteurs, ses charmeurs de serpents, ses musiciens gnaoua. Ce charme indestructible, la ville le doit à son ciel d'un bleu particulier, à son air pur, à sa médina colorée, à ses riads superbement restaurés. Et à cette atmosphère qu'on ne retrouve qu'ici : populaire et mondaine, chic et vagabonde. Il faut bien sûr plus d'une semaine pour pénétrer ne serait ce qu'un morceau de Chili. Mais les vacances de la Toussaint ne sont pas si loin. Et là-bas, c'est le début de l'été. Il y a peu encore, ce n'était pas une destination en vogue.
Depuis trois ou quatre ans, on découvre ébahi, son désert d'Atacama, la Patagonie, le détroit de Magellan ou la région des Grands Lacs. Mais pour bien en saisir la réalité économique et culturelle, il faut d'abord connaître sa capitale, Santiago, puis traverser des vallées couvertes de vigne pour rallier Santa Cruz et Valparaiso sur la côte pacifique. Car la vigne est le vrai trésor du Chili que les professionnels du vin et les amateurs du monde entier viennent admirer et... déguster.
« Pour bien aimer un pays, il faut le manger, le boire et l'entendre chanter »... Non, cette phrase, ce n'est pas un enfant du Chili comme le poète Pablo Neruda dont on fête le centenaire de la naissance, cette année ou l'écrivain Isabel Allende qui l'a écrite. C'est Michel Déon, cet Irlandais d'adoption.
mercredi 9 février 2011
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